Dans une France qui peine à rompre avec sa tradition hiérarchique politique et institutionnelle, cette nouvelle conception du monde du travail apporte de nombreuses pistes de réflexion, qui pourraient bouleverser les codes de l’entreprise de demain.
Présentation de l’entreprise libérée
Le concept d’entreprise libérée est né au début des années 90, sous la plume du consultant Tom PETERS, puis a été développé par le chercheur universitaire Isaac GETZ en 2009.
Cette méthode d’organisation du travail vise à placer le salarié au centre de l’entreprise, en le considérant comme un adulte responsable de ses actes et de la gestion de son emploi du temps.
En d’autres termes, les salariés sont libres de mettre en application les actions qu’ils jugent bon d’entreprendre, sans avoir de compte à rendre à leur supérieur hiérarchique. L’idée est de renouer avec « l’apprentissage par l’erreur », chaque mauvaise décision est considérée comme une expérience conduisant à la progression. Ce système a d’ores et déjà été adapté par plusieurs grandes entreprises comme notamment FAVI, Harley Davidsonet HCL Technologies.
Les arguments en faveur de l’entreprise libérée
Les défendeurs de l’entreprise libérée sont favorables à un accroissement de la responsabilité et de la liberté d’action des collaborateurs tout en limitant le recours aux dispositifs de contrôle internes. En effet, ces processus sont jugés trop coûteux, ils stimuleraient la démotivation du collaborateur et limiteraient les axes d’innovation, par crainte de la sanction.
Libéré des contraintes hiérarchiques et administratives, le salarié retrouve sa motivation et sa créativité ! De même, il est moins susceptible d’avoir recours à la fraude pour se soustraire à ses tâches, car il personnellement impliqué dans la poursuite de ses objectifs.
Les reproches adressés à l’entreprise libérée
Mais l’entreprise libérée n’a pas que des apôtres ; ce concept fait souvent l’objet de vives critiques, notamment par certains auteurs tels que Vincent BERTHELOT ou François GEUZE, qui n’hésitent pas à parler « d’entreprise accaparée », issue du storytelling et pétrie d’approximations.
Ils pointent notamment du doigt les risques de dérives autocratiques. En effet, comment se remettre en question si l’on est exempt de tout devoir de justification ?
On reproche également à l’entreprise libérée de livrer une image tronquée du manager de proximité. En effet, son rôle ne se limite pas au contrôle et à la sanction, il joue notamment le rôle d’arbitre dans la résolution des conflits ! On déplore une négation des spécificités et des compétences propres aux managers et aux fonctions support, qui sont présentées comme des boucs émissaires.
Ce qu’il faut retenir
our conclure, il faut retenir que l’entreprise libérée repose d’abord et avant tout sur une philosophie profondément humaniste. Il ne s’agit en aucun d’une doctrine ou d’un modèle organisationnel clairement défini. Cette rigueur scientifique lui manque encore, bien que les recherches continuent d’avancer à grands pas.
Si l’on concède qu’elle peut être très efficace et profitable à tous, il n’en demeure pas moins que cette organisation doit être mise en œuvre « au cas par cas », en tenant compte chaque fois des spécificités propre à l’entreprise et à son histoire.
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