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Association des acteurs de la Responsabilité Sociétale

Comment l’orpaillage illégal participe à la crise sociale en Guyane.

Trafics d’armes, pollution au mercure, insécurité, prostitution… l’orpaillage illégal, qui n’a jamais été aussi intense en Guyane depuis 2008, contribue au ras-le-bol des Guyanais.

Depuis les premières manifestations, fin mars, les populations Amérindiennes et Bushinengué, principalement touchées par l’exploitation illégale de l’or, tentent d’imposer leurs revendications.

C’est le 28 mars que tout a commencé. « Nous nous sommes levés comme un seul homme pour proclamer notre unité, notre détermination à construire un avenir meilleur pour la Guyane », explique Le Collectif Pou Lagwiyann Dékolé. Depuis trois semaines, le mouvement de contestation guyanais a pris une ampleur quasi inédite sur le territoire. En cause, notamment, l’insécurité galopante.

La Guyane, département français depuis 1946, connait le plus fort taux d’homicides de France. En 2016, on en comptait officiellement 42 pour 252 000 habitants. Chômage, violence, pollution, insuffisance sanitaire, prostitution… la liste des problématiques est longue. « Depuis 2005, j’ai connaissance de données explosives sur la description de la situation en Guyane », explique la sénatrice écologiste Marie-Christine Blandin, membre de la Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé publique et d’environnement. « Il n’y a rien d’étonnant à ce que la contestation devienne visible depuis Paris ».

L’orpaillage illégal, fléau du département

Parmi les doléances soumises au gouvernement, la demande d’un renforcement de la lutte contre l’orpaillage illégal, portée principalement par les populations Amérindiennes et Bushinengué. Forêts dévastées, rivières détruites, populations menacées et contaminées, l’orpaillage illégal est en effet « le principal fléau social, sanitaire et environnemental menaçant la Guyane », selon le WWF qui travaille depuis des années sur la question.

Or, l’orpaillage illégal connait une recrudescence. 139 sites actifs ont été découverts par le parc amazonien en novembre 2016. 24% de plus qu’en 2015. « L’orpaillage illégal n’est pas la cause première de la situation actuelle en Guyane mais fait évidemment partie des principaux problèmes vécus. La Guyane subit de plein fouet ses ravages »,  explique le collectif les Hurleurs de Guyane.

Pollution au mercure et groupes armés

Principalement venus du Brésil, les orpailleurs (autrement appelés « garimpeiros ») en situation illégale sur le territoire, emploient, souvent de force, des travailleurs dans les secteurs reculés de la forêt amazonienne guyanaise. Sans aucun respect des normes environnementales, ils utilisent du mercure pour séparer l’or du minerai.

En moyenne, 1,3 kg de mercure pour 1 kg d’or. Polluant dangereux, le mercure retombe dans les rivières en s’évaporant, contaminant ainsi les poissons et les sources d’eau potable des Amérindiens et des Bushinengué. En 2013, le CNRS avait ainsi trouvé des taux de concentration de mercure quatre fois plus élevés chez les populations locales que les populations du littoral.

À partir d’images satellitaires, des chercheurs ont également calculé que l’exploitation aurifère avait détruit 1680 km² de forêt en Amérique du Sud.

Outre l’impact environnemental et sanitaire, l’orpaillage illégal contribue au développement des réseaux de prostitution, des trafics d’armes et de drogues, des filières d’immigration sauvage… »C’est le far west », affirme Marie-Christine Blandin pour qui l’orpaillage illégal consiste « à un délitement méthodique de ce qui fait règle dans la République. À savoir la sécurité, le respect de l’autre, la présence des forces de l’ordre, la garanti de l’éducation, la santé ou encore l’accès à l’eau potable ».

Pour Christiane Taubira, la voie des accords bilatéraux

En 2008, la France a renforcé la répression à coups d’hommes et d’hélicoptères, ralentissant considérablement l’orpaillage illégal. De manière provisoire seulement puisque les orpailleurs sont revenus.

Ce qu’il faut ? Des conventions et traités avec les pays frontaliers, revendication chère à Christiane Taubira. « La préservation de la biodiversité amazonienne ainsi que la gestion de ses ressources forestières, minières et aquatiques sont l’affaire des neuf pays liés par ces écosystèmes », estime l’ancienne Garde des Sceaux et députée de Guyane. En 2013, un accord bilatéral a ainsi été signé entre le Brésil et la Guyane mais cela a eu un « effet bascule », explique Laurent Kelle, de WWF en Guyane. « L’orpaillage illégal s’est développé via le Surinam ».

D’autres leviers existent. Une meilleure traçabilité de l’or mais également un suivi du trafic de mercure. « On ne peut pas faire venir d’orpaillage sans faire venir du mercure. Or, le mercure, c’est très lourd et ça se voit »,souligne Marie-Christine Blandin.

Les manifestants demandent également le « rétablissement des postes fluviaux des forces publiques ». Car les fleuves de Maroni et de l’Oyapock, marquant les frontières avec le Surinam et le Brésil, sont les portes de l’immigration clandestine et des trafics en tout genre.

Les populations Amérindiennes et Bushinengué sont actuellement en négociation avec le gouvernement sur ces sujets.

Retrouvez l’article original ICI

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Cette entrée a été publiée le 15 avril 2017 par dans Revue de Presse, et est taguée Controverse, Droits Humains, Environnement.

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