Il pourrait devenir la monnaie d’un futur plus écologique. C’est en tout cas les ambitions que lui ont donné ses promoteurs sur le papier. Dans les faits, le crédit carbone, né du protocole de Kyoto en 1997, a aussi fait naître le « droit à polluer ». De quoi s’agit-il exactement?
Le crédit carbone est un outil financier qui mesure les émissions de gaz à effets de serre. Un crédit carbone correspond à une tonne de CO2 non émise. Après le protocole de Kyoto, 182 états, principalement européens, se sont engagés à baisser leurs émissions de carbone, nocives pour l’atmosphère. Et pour donner envie auxindustries les plus polluantes de réduire efficacement leurs émissions, une carotte a été accrochée au bout du bâton: le crédit carbone.
Avec un objectif de réduction globale de 5.2% des gaz à effet de serre sur la période 2005-2020, les pays signataires se sont fixés des quotas d’émission carbone et leur ont donné une valeur. Pays, régions, entreprises, acteurs financiers, bourses, entités de gestion et d’audit, ONG: tous sont donc entrés dans le marché du carbone, né de cette politique climatique.
« Tu payes pour pouvoir polluer »
Le marché du carbone répond à une réglementation internationale, dictée par le protocole de Kyoto. Le marché européen (Seqe), qui est le plus gros marché mondial de crédit carbone, fait partie de ce marché globalisé. Une entreprise qui a respecté les quotas attribués par son gouvernement peut y revendre les crédits carbone qu’elle s’est vue remettre en récompense de sa « bonne conduite ».
Elle choisit alors de les vendre à des fonds propres créés pour favoriser des projets de réduction des émissions, à des investisseurs industriels, à des énergéticiens (comme EDF) ou à des intermédiaires financiers (comme Orbeo ou l’Umbrella Carbon Facility qui dépend de la Banque Mondiale). EDF a, par exemple, créé une filiale, EDF Trading, chargée de négocier les contrats d’achats de crédit carbone.
De la même façon, une entreprise qui dépasse ses quotas peut acheter sur ce même marché des « droits à polluer » et ainsi augmenter son plafond d’émissions. La subtilité vient de l’existence d’un second marché, non-encadré, appelé « marché volontaire ». Il fonctionne sur le principe d’une vente directe de crédit carbone entre acheteur et vendeur.
C’est ce marché qui intéresse particulièrement les grands groupes émetteurs de carbone qui financent des projets de réduction carbone, portés par des ONG.
INFOGRAPHIE : Mieux comprendre la mécanique du crédit carbone
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